L’annonce par l’Australie de l’annulation de l’achat de sous-marins conventionnels français, au profit de technologies américaines et britanniques, a fait vivement réagir Paris.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié ce revirement de « coup dans le dos » et de « trahison ». « Nous avions établi avec l’Australie une relation de confiance, cette confiance est trahie. Je suis en colère, avec beaucoup d’amertume sur cette rupture », a-t-il déclaré jeudi sur Franceinfo.
Le chef de la diplomatie française, l’un des principaux négociateurs de ce contrat pour la livraison de douze sous-marins conventionnels à l’Australie, a aussi pointé du doigt le comportement des Etats-Unis dans ce dossier.
« Ce qui me préoccupe aussi dans tout cela, c’est finalement le comportement américain. Cette décision unilatérale, brutale, imprévisible, ressemble beaucoup à ce que faisait M. Trump », a raillé M. Le Drian.
Selon le diplomate, Paris a appris « brutalement », par une déclaration de l’actuel président américain Joe Biden, que le contrat qui était passé entre les Australiens et la France s’arrêtait et que les Etats-Unis allaient proposer une offre nucléaire.
« Ça ne se fait pas entre alliés et pas entre alliés qui veulent développer une logique indo-pacifique cohérente et structurée », a relevé M. Le Drian, tout en précisant que les négociations pour ce contrat ont duré deux ans (2014 à 2016).
La ministre des Forces armées, Florence Parly, a également dénoncé le « non-respect de la parole donnée », faisant allusion à la « volte-face » de l’Australie. « Nous sommes lucides sur la manière dont les Etats-Unis considèrent leurs alliés et leurs partenaires », a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué conjoint, les ministères des Affaires étrangères et des Forces armées ont fustigé une décision « contraire à la lettre et à l’esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l’Australie, sur la base d’une relation de confiance politique ».
Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a confirmé jeudi l’annulation du contrat conclu avec la France précédemment annoncée par la presse australienne. « Ce n’est pas un changement d’avis, c’est un changement de besoin », s’est-il justifié.
Conclu en 2016, ce contrat pour la fourniture de douze sous-marins conventionnels, établi sur une durée de 50 ans avec transfert de technologies, était qualifié de « contrat du siècle » par la presse française. La livraison du premier sous-marin était prévue pour 2023.