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Suspension des livraisons de gaz russe : la France se prépare à des difficultés (SYNTHESE)

L’annonce de la suspension des livraisons de gaz russe au groupe français Engie pour non paiement des sommes dues fait planer un risque réel de pénurie de gaz en France.

Le géant russe Gazprom a indiqué mardi dernier sur son compte Telegram une « suspension complète des livraisons de gaz (à Engie) à partir du 1er septembre 2022 jusqu’à la réception en intégralité des sommes financières dues pour les livraisons ».

Cette décision de Gazprom qui tombe à quelques mois du début de l’hiver inquiète les autorités françaises.

La Première ministre Elisabeth Borne prépare d’ores et déjà ses compatriotes aux conséquences de cette suspension.

« Faire ce constat, ce n’est pas vouloir jouer avec les peurs (…) c’est faire la transparence sur ce à quoi nous devons faire face ensemble », a déclaré mercredi soir Mme Borne à l’issue d’un Conseil de défense exceptionnel consacré à l’énergie.

« On est plutôt confiant sur la possibilité de passer l’hiver en France sans gaz russe », en raison des stockages disponibles, a déclaré sur LCI la présidente de la Commission de régulation de l’énergie, Emmanuel Wargon.

« Mais il y a l’effet volume et l’effet prix. C’est plus sur les prix qu’on va avoir une répercussion que sur les approvisionnements. Car moins il y a de gaz en France et à l’échelle de l’Europe, plus ça fait monter les prix », a-t-elle expliqué.

L’inquiétude s’explique également par le fait que le bouclier tarifaire qui plafonne les tarifs de l’électricité et du gaz prendra fin le 1er janvier 2023. « Si la France aujourd’hui a l’inflation la plus faible d’Europe, c’est parce que les consommateurs y sont protégés par le bouclier tarifaire du gouvernement, mais cela commence à coûter cher. Les effets macroéconomiques ne sont plus tenables », a indiqué Nicolas Golberg, responsable énergie chez le groupe de réflexion Terra Nova.

Les autorités françaises assurent cependant qu’en cas de pénurie de gaz, l’approvisionnement des ménages sera assuré et que les éventuelles restrictions ne concerneront que les entreprises. En revanche, elles n’excluent pas de possibles problèmes d’approvisionnement en électricité, notamment pendant l’hiver.

Le gaz russe représentait 17% des approvisionnements en France avant la crise en Ukraine. Il est maintenant de 9% en raison de la diversification des approvisionnements, selon la présidente de la Commission de régulation de l’énergie.

L’annonce de l’arrêt des livraisons de gaz russe à la France intervient presque en même temps que la suspension des livraisons de gaz à l’UE via son gazoduc Nord Stream pour des questions de maintenance. Un éventuel arrêt total des exportations de gaz russe à l’UE entraînerait de graves difficultés en Europe, ont averti les spécialistes.

« La Russie c’était 200 milliards de mètres cubes de gaz envoyés en Europe, il y a encore quelques mois. Si la Russie arrête l’essentiel de ses exportations, il serait extrêmement difficile de remplacer le gaz russe par d’autres sources », a averti sur BFMTV Jean Pierre Favennec, expert en questions énergétiques et professeur à l’université Paris-Dauphine.

Outre la Russie, l’UE importe du gaz de Norvège et d’Algérie, mais également du Qatar et des Etats-Unis. Seulement, les quantités supplémentaires que l’on pourrait attendre de ces pays sont faibles par rapport aux exportations russes, a indiqué M. Favennec.

« On va vers un hiver un peu compliqué, car les stockages (des pays européens) ne représentent en gros que 20% à 25% de la consommation sur l’hiver », a-t-il précisé.

Xinhua