La cour d’appel de Paris a rejeté lundi une demande d’appel de la veuve de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana visant à mettre fin à une enquête sur les allégations selon lesquelles elle aurait joué un rôle dans le génocide de 1994.
Agathe Habyarimana fait l’objet d’une enquête depuis 2007 pour « complicité de génocide et de crimes contre l’humanité. Elle est soupçonnée d’être l’un des cerveaux du génocide qui a coûté la vie à plus de 800 000 Tutsis en 1994.
La demande a été jugée irrecevable pour des motifs de forme, a précisé la source.
« Il ne s’agit pas du fond de l’affaire mais d’arguments juridiques », a déclaré lundi son avocat, Philippe Meilhac.
Agathe Kanziga, la veuve de Juvénal Habyarimana, le président hutu dont l’assassinat le 6 avril 1994 a déclenché les massacres contre la minorité tutsie, est visée depuis 2008 par une enquête en France sur son rôle pendant le génocide, initiée par une plainte de le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR).
En 2016, elle a été placée sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre un témoin et un accusé, et n’a pas été interrogée depuis. Aujourd’hui âgée de 78 ans, elle a fait appel de l’enquête et a demandé aux juges de rejeter les enquêtes.
Ils ont rejeté sa demande en novembre, arguant que l’enquête était « en cours ». Elle a alors fait appel.
« C’est une affaire dans laquelle il n’y a eu aucune nouvelle information depuis cinq ans et plus depuis sa demande de non-lieu l’année dernière », a déclaré Meilhac. « C’est une situation déplorable car elle bloque toute possibilité de régulariser sa situation administrative.
Habyarimana, qui vit en France depuis 1998, n’a pas de statut juridique car la France a refusé de l’extrader vers le Rwanda en 2011, mais ne lui a pas accordé l’asile en raison de soupçons sur le rôle qu’elle a pu jouer dans l’une des pires tragédies du 20e siècle.
Elle est souvent présentée comme l’un des chefs de file de l’« Akazu », le cercle restreint du pouvoir hutu qui, selon ses accusateurs, a planifié et orchestré le génocide, au cours duquel environ 800 000 personnes, principalement de la minorité tutsie, ont été tuées.