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Jeux paralympiques 2021 : le dernier tour de piste de Nantenin Keïta

Fille du musicien Salif Keïta, la Franco-Malienne, championne paralympique à Rio, est la favorite du 400 mètres réservé aux athlètes malvoyants au handicap le moins lourd.

Dans le stade, tout le monde sait qu’elle a gagné. Sauf elle. Pendant une trentaine de secondes, elle erre dans la fournaise, au milieu des coureuses à l’arrivée du 400 mètres. Sa longue silhouette et ses nattes blondes se détachent sur le tartan bleu. Un peu perdue, Nantenin Keïta se dirige vers son clan, avant de laisser exploser sa joie dans les bras d’Olivier Deniaud, l’un de ses coachs. Puis, enveloppée du drapeau tricolore, détendue et souriante, elle fait le tour du stade, qui l’acclame.

La scène remonte au 17 septembre 2016, au stade olympique de Rio de Janeiro. Ce jour-là, Nantenin Keïta avait remporté la médaille d’or du 400 mètres dans la catégorie T13 aux Jeux paralympiques, une épreuve réservée aux athlètes malvoyants les moins handicapés. « J’avais peur d’avoir été dépassée sur ma droite par la Portugaise en bout de ligne, raconte la jeune femme, albinos et malvoyante de naissance, comme son père, le célèbre musicien malien Salif Keïta. En début de course, mon acuité visuelle est comprise entre 0,7 et 0,5 sur 10. Je parviens à deviner les lignes, mais quand je suis dans le rouge, je ne vois plus rien. »

« Nanto », comme la surnomment ses proches, est aussi double championne du monde du 400 m, en 2006 à Assen (Pays-Bas) et en 2015 à Doha (Qatar).

« J’ai connu moqueries et mépris »

Présente aux Jeux paralympiques de Tokyo, sa quatrième participation aux Jeux, la Franco-Malienne – qui doit entrer en lice mercredi 1er septembre – est issue d’une illustre lignée, puisque son père descend de Soundiata Keïta, le fondateur de l’empire du Mali au XIIIsiècle, lequel fut l’un des plus puissants d’Afrique, réputé jusqu’en Europe pour ses mines d’or. Elle n’a que 2 ans lorsqu’elle atterrit à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. « Quand vous êtes albinos, tous les regards sont portés sur vous, c’est très pesant, témoigne-t-elle. J’ai connu moqueries et mépris. Comme j’étais différente, il y avait forcément quelque chose qui clochait chez moi J’avais peu d’amis, certains enfants refusaient de me parler ; ils me donnaient des surnoms pas très sympathiques. »

En 1997, un professeur d’EPS bien inspiré emmène toute sa classe à Vittel (Vosges) pour participer à une compétition organisée pour les collégiens déficients visuels. Nantenin n’a que 13 ans, mais montre des dispositions évidentes. « Je n’avais même pas compris que c’était du handisport ! Il y avait un lancer de poids, un saut en longueur et un 60 mètres. J’ai fini deuxième, mais je me suis surtout bien amusée », se souvient-elle. Cinq ans plus tard, l’adolescente participe à ses premiers championnats du monde à Villeneuve-d’Ascq (Nord), avec l’idée de se tester sur 100 mètres et au saut en longueur. Elle échoue à ces deux épreuves, mais finit deuxième du 400 mètres, sans aucune préparation.