+26
°
C
Max:+29
Min:+19
Mar.
Mer.
Jeu.
Ven.

Angola: Isabel dos Santos va rendre les actions de Galp à l’Angola

Isabel dos Santos, fille de l’ancien président angolais et ancienne femme la plus riche d’Afrique, doit restituer à l’Angola ses parts dans la société énergétique portugaise Galp, d’une valeur de 422 millions d’euros (500 millions de dollars), selon la décision d’un tribunal d’arbitrage international.

Mme Dos Santos est accusée d’avoir détourné des milliards de dollars des entreprises publiques pendant les presque 40 ans de règne de son père Jose Eduardo dos Santos sur cette nation riche en pétrole d’Afrique australe.

L’ex-première fille en difficulté, dont les actifs commerciaux sont gelés depuis 2019, a reçu cette semaine l’ordre d’un tribunal néerlandais de restituer des actions d’une valeur de 500 millions de dollars au groupe énergétique national angolais Sonangol, qu’elle présidait jusqu’à ce que Lourenco prenne le pouvoir.

La transaction dans le cadre de laquelle Mme Dos Santos a acquis sa participation dans la société pétrolière et gazière Galp est « nulle et non avenue », selon une copie de la décision vue par l’AFP vendredi de l’Institut néerlandais d’arbitrage (NAI), qui fait partie de la Cour internationale d’arbitrage.

Après avoir versé un acompte de 15 % sur le compte bancaire d’une autre société dans les îles Vierges britanniques, M. dos Santos aurait payé le reste du montant en monnaie locale angolaise, qui a peu de valeur en dehors du pays, plutôt qu’en euros comme convenu dans le contrat de vente, selon le NAI.

La participation de six pour cent de M. Santos dans Galp fait partie d’une myriade d’investissements en Angola et au Portugal, l’ancienne puissance coloniale, d’une valeur d’environ 3 milliards de dollars selon le magazine Forbes, qui ont fait l’objet d’un examen minutieux.

La décision du tribunal, datée du 23 juillet et rapportée pour la première fois par les médias néerlandais jeudi dernier, stipule que l’achat des actions en 2006, par l’intermédiaire d’une société appartenant à Exem Energy, le défunt mari de Dos Santos, était illégal.

Dos Santos a toujours nié tout acte répréhensible et dénoncé toutes les accusations comme une chasse aux sorcières à motivation politique.

Les avocats d’Exem ont l’intention de faire appel de la décision « auprès du tribunal compétent ».

« Dans cette sentence arbitrale, le récit politique l’emporte clairement sur l’analyse juridique », a déclaré l’entreprise dans un communiqué envoyé par courriel à l’AFP vendredi.

L’un des avocats de Sonangol, Yas Banifatemi, a déclaré aux médias néerlandais qu’il n’y avait « rien de politique » dans la décision du tribunal.

« Le tribunal d’arbitrage a jugé qu’Isabel dos Santos s’est enrichie avec l’argent volé au peuple angolais », a déclaré Banifatemi, cité par le quotidien néerlandais Het Financieele Dagblad.

Le président Joao Lourenco a juré de sévir contre la corruption depuis que dos Santos s’est retiré en 2017, en écartant les copains de son prédécesseur des postes clés et en enquêtant sur l’ancien régime pour des pots-de-vin présumés.

Il a ciblé plusieurs membres de la famille dos Santos, dont Isabel et son jeune frère Jose Filomeno dos Santos, condamné à cinq ans de prison pour avoir détourné des revenus pétroliers l’année dernière.

Isabel est la fille aînée de l’ex-président angolais, accusé d’avoir dirigé le pays d’une main de fer, laissant derrière lui un héritage de pauvreté et de népotisme.

Cette femme d’affaires milliardaire, qui a fait ses études en Grande-Bretagne, a été accusée à plusieurs reprises de piller les fonds publics et de détourner l’argent à l’étranger.

Dans un dossier de 715 000 fichiers publié en janvier 2020 par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), basé à New York, et surnommé les « Luanda Leaks », Mme dos Santos a été accusée de siphonner les fonds publics de ce pays riche en pétrole, mais appauvri, pour les transférer dans des actifs offshore.

Surnommée « la princesse » en Angola, elle était accusée d’avoir amassé sa vaste fortune grâce au soutien de son père autoritaire.

Au Portugal, outre Galp, elle possède d’importantes participations dans des banques et détient une part de contrôle dans une entreprise portugaise de télévision par câble et de télécommunications.

En décembre 2019, les procureurs angolais ont gelé les comptes bancaires et les actifs appartenant à elle et à son mari congolais Sindika Dokolo, décédé l’année dernière, une mesure qu’elle a décrite comme une vendetta politique sans fondement.

Mme Dos Santos est devenue la femme la plus riche d’Afrique après que le magazine Forbes l’a nommée première femme milliardaire du continent en 2013. Elle a perdu ce titre lorsque ses avoirs ont été gelés.