Les Dirigeants et les Ministres de l’énergie de la CEMAC ont été exhortés à améliorer le climat des affaires dans la région.
L’appel ainsi lancé par les responsables de la Chambre africaine de l’énergie (AEC) lors du Forum de l’énergie et des affaires de la CEMAC, organisé par PRO MEET UP AND LEARN et ML Consulting le 30 novembre à Brazzaville est donc sensé améliorer les choses, principalement dans la réglementation des changes de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Celle-ci imposerait des règles plus strictes sur les transferts de devises et les paiements.
Bien qu’initialement destinées à protéger les réserves de change en baisse dans la région, les nouvelles réglementations sur le forex se sont révélées controversées parmi les dirigeants et les parties prenantes de l’industrie énergétique africaine. Un comportement qui ne favorise pas les investissements et entravent la croissance du secteur privé, en augmentant les coûts de transaction et d’exploitation et en limitant l’accès au financement étranger pour les entreprises locales.
Afin de mieux cerner le problème, la Chambre Africaine de l’énergie a appelé à un dialogue ouvert et honnête. Elle a exhorté les dirigeants locaux à écouter l’industrie et à adopter les principes du marché libre en éliminant les réglementations inutiles et bureaucratiques.
Pour NJ Ayuk, Président exécutif de l’AEC, la réglementation du forex de la BEAC tue le secteur de l’énergie ainsi que les entreprises et les économies locales, plus que les entreprises étrangères, en augmentant le coût des affaires.
« La CEMAC a besoin d’être réformée. Ce n’est plus compétitif. Les dirigeants doivent laisser tomber leur ego et écouter les entreprises et les citoyens. Nos taux d’imposition sont très élevés. Nous devons permettre aux investisseurs d’investir plus facilement en Afrique. À moins que des mesures importantes ne soient prises pour améliorer la facilité de faire des affaires, la région de la CEMAC continuera de connaître une réduction des investissements », a-t-il indiqué.
Selon les spécialistes, l’industrie pétrolière et gazière africaine est particulièrement vulnérable aux réglementations, car elle a du mal à attirer de nouveaux investissements étrangers dans le secteur et fait face à des défis fiscaux et réglementaires permanents, notamment des retards dans les approbations de projets, des taux d’imposition élevés et des PSC et des plans de développement de champ faibles.
En plus, ils estiment que « la réglementation des changes rend plus difficile la domiciliation de comptes en devises dans la région, exposant à leur tour les entreprises locales opérant dans des secteurs libellés en dollars, tels que le secteur pétrolier et gazier, à des fluctuations de change et à des marges bénéficiaires plus étroites ».
« Les institutions financières de la CEMAC doivent être au service des aspirations de croissance de la région. La situation financière actuelle ne peut pas amener la région là où elle doit être en termes de développement économique pour créer des emplois car le secteur bancaire est quasiment absent », a déclaré Leoncio Amada Nze, Président de la région CEMAC pour l’AEC, lors d’une table ronde au Forum.
Il estime que le PIB de la CEMAC provient à 70-75% des activités liées au pétrole et au gaz. La réglementation BEAC Forex, déplore-t-il, est anti-industrie pétrolière et gazière, un contenu anti-local, anti-CEMAC et doit être retiré.
« Nous avons besoin d’une banque centrale au service des économies de la CEMAC, et non le contraire », a-t-il proposé.
Au cours des échanges, l’AEC a fait valoir que les prêteurs traditionnels et non traditionnels seront moins disposés à soumettre leurs investissements à un régime de change plus restrictif qu’ils ne le pourraient ailleurs, ce qui entraînera des pertes d’emplois, une augmentation des coûts d’exploitation et un degré supplémentaire de bureaucratie car la région devient un endroit moins attrayant pour faire des affaires.
Il sied de rappeler que la région CEMAC est la moins développée, disposant des pires politiques fiscales du continent. Ces conditions ne permettent pas d’investir des ressources internes et externes dans la région.
Sur 190 pays de l’indice Doing Business de la Banque mondiale en 2020, les six pays de la CEMAC sont dans les pires positions à savoir la Guinée équatoriale (178), le Cameroun (167), le Gabon (168), le Tchad (182), la République centrafricaine (184), la République du Congo (180).